©Julien Benhamou
Le spectacle aujourd’hui est une récompense après avoir, finalement, présenté mon exposé à l’université pour la fin du semestre. Ce spectacle comprend trois petites chorégraphies de Béjart : L’Oiseau de Feu, Le Chant du Compagnon Errant et Boléro. Il est dit souvent que les spectacles de ballet classique, Le lac des Cygnes, Mayerling, Giselle par exemple, utilisent l’union du costume, de la danses, de la musique, dodu décors et de l’éclairage pour créer un rêve sur scène tandis que la création de Béjart joue sur le déplacement de son troupe de danseurs sur scène, les mouvements du corps, surtout ses bras, mais aussi de la lumière sur scène afin de faire ressortir une certaine animalité ou sauvagerie des corps.
L’Oiseau de Feu
©Julien Benhamou
Loin de la conception originale du Ballet Russe, L’Oiseau de Feu de Béjart n’est plus une chorégraphie ornant l’histoire d’un prince, un enchanteur et une femme-oiseau mythique incarnée. Au lieu de cela, ce que des spectateurs voient sur scène, c’est la faune.
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Après une première partie musicale mystérieuse, c’est l’apparition de l’oiseau de feu, dansé par Mathieu Ganio. En regardant le mouvement des bras, des muscles, des articulations et du dos de Mathieu, il nous semble qu’il n’est plus humain, mais sans doute un oiseau majestueux.
La dernière partie du Oiseau de Feu est le moment le plus merveilleux de cette chorégraphie. Dansant harmonieusement, Mathieu et Grégory Dominiak, qui danse le personnage du phénix, nous proposent un mirage : en les regardant de la salle, j’ai l’impression qu’il y a vraiment un phénix qui se libère, qui s’élève de oiseau de feu. Les mouvements de Grégory imitent parfaitement un phénix qui essaie de sortir son ancien corps, de s’incarner.
Il n’y a plus deux danseurs distincts sur scène ; ils sont pas simplement une union, mais une fusion.
Le Chant du compagnon errant
Le Chant du compagnon errant de Mahler est un lied qui décrit de jeunes hommes aux cœurs brisés, lesquels vont partir errer. L’interprétation de Germain Louvet et de Marc Moreau de cette chorégraphie est très agréable ; leurs pas sont similaires, mais chacun nous présente un jeune homme qui a son propre caractère.
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Le contraste entre le style de Germain et ce de Marc est exceptionnel ; les pas éthérés de l’un et le mouvement plus pesant de l’autre nous donnent l’impression d’assister au déplacement de l’eau et du feu. On voit l’harmonie entre ces deux danseurs ; semblable à l’accord des éléments naturels, tout en étant individu ils nous paraissent indissociables.
Boléro
Je dirais que la chorégraphie de Boléro est celle qui est la plus « Béjart » : un travail supérieur sur la stabilité du corps et l’instant figé entre chaque mouvement.
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À premier vue, il semble qu’il n’y ait aucun pas compliqué ; cependant, grâce à cette danse minimaliste, on peut observer clairement le contrôle extraordinaire sur le mouvement d’Amandine Albisson. Sous son justaucorps couleur chair, les mouvements détaillés des muscles et membres sont très visibles. Suivant le tempo stable et dansant avec un aplomb parfait, il semble que chaque partie du corps d’Amandine soit l’un des instruments principaux du Boléro, la caisse claire.
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La danse d’Amandine incarne l’essence de la composition, son corps devenant une extension de la musique elle-même. La maîtrise de ses mouvements et la clarté avec lesquelles elle exécute témoignent d’une compréhension profonde de la vision de Béjart pour le Boléro. C’est un témoignage du talent exceptionnel et de l’art d’Amandine qu’elle parvient à transmettre la puissance et l’intensité de la pièce à travers les subtils nuances de son langage corporel.
Peut-être est-ce parce que j’ai moi-même participé à un spectacle de ballet sur Béjart, aujourd’hui, j’ai l’impression d’être particulièrement attirée par ce qui se passe sur scène. Au départ, en raison de la fin du semestre et de la charge de travail restante, je n’avais pas prévu d’assister au spectacle à l’Opéra Bastille ce soir. Cependant, je suis ravie d’avoir changé d’avis et de décider d’y assister finalement, car la chorégraphie de Béjart est vraiment un spectacle qu’on ne doit pas manquer.