Pour la saison 24/25, la production du Royal Opera House datant de 1978 et mis en scène par Kenneth Macmillan revient sur la scène du Palais Garnier après deux ans d’absence. Mayerling a fait ses grands débuts à Paris en 2022. Hugo Marchand a interprété le rôle du Prince Rudolph. Dorothée Gilbert a joué la Baronne Mary Vetsera. Ils étaient accompagnés par Hannah O’Neil, qui joue la Comtesse Marie Larisch (Mayerling : un fou qui aspire à la destruction) .
Cette année, on a pu assister, une fois de plus, au ballet Mayerling, mais avec une équipe complètement différente. Ce soir, on a vu le Prince Rudolph dansé par Germain Louvet. Avec son interprétation, le spectateur a découvert un prince si triste qu’il nous tire des larmes. En voyant la douceur de sa danse, on perçoit que Prince Rudolph est au fond un homme plein d’affliction. Il est aussi un romantique incurable. Même s’il est violent envers sa femme, la Princesse Stéphanie, le talent de Germain Louvert montre un homme tourmenté. Inès Mclntosh incarne la princesse. Elle est victime d’un viol par son propre mari lors de sa nuit de noce. Le Prince Rudolph montre les tourments d’un homme. Il n’a pas pu se marier avec la femme de son choix. Il transforme donc ces états d’âmes en une violence à l’encontre d’une pauvre princesse.
Dans la danse de Germain Louvet, on découvre un romantique. Il est incapable de gérer son chagrin. Il souffre également à cause de sa maladie psychologique. La mélancolie et le vague à l’âme constituent l’atmosphère créée par la distribution de ce soir.
À côté de Germain Louvert, il y a la Baronne Mary Vetsera, l’interprétée par Bleuenn Battistoni. À travers son interprétation, une fille noble et élégante se présente à nous sur scène. Grâce à ses pas et à son langage corporel, la Baronne Mary est une jeune fille très bien éduquée. Elle se comporte gracieusement et aristocratiquement. Il semble que cette jeune noble cache parfaitement une grande maturité pour son âge. Cette maturité est dissimulée derrière une naïveté et une innocence d’apparence.
Avec la représentation de Bleuenn Battistoni, la Baronne Mary est calme, pondérée, sensée . Cependant, son attitude nous suggère aussi qu’un fort désir sexuel réside dans sa personnalité en même temps. Les murs moraux qui entourent cette tentation vont s’effondrer quand l’occasion lui est donnée de rencontrer le Prince Rudolph.
L’histoire de Mayerling lui-même est en fait problématique. Surtout, la violence du Prince Rudolph à l’encontre de la Princesse Stéphanie est complètement opposée à notre norme sociale. Ce n’est ni une histoire romantique de princes et de princesses, ni un événement qui présente une bonne image dans « la hiérarchie » des relations entre l’homme et la femme. Ce spectacle demande aux spectateurs d’avoir une conscience morale. Il exige également une réflexion critique. Sinon, on pourrait croire que le comportement du prince dans Mayerling est acceptable. Cependant, cela ne l’est pas.
De plus, le contexte narratif du ballet Mayerling n’est pas si bien pensé. Ce ballet a relativement trop de personnages qui ne sont que des seconds couteaux. Néanmoins, ces rôles troublent le spectateur quant à leur finalité et aux relations qu’ils entretiennent entre eux. Cela traîne en longueur dans le premier acte.
C’est seulement à la fin du premier acte que le spectacle commence à trouver son rythme. Cela se passe pendant un pas de deux de chambre. Il est brusque et quasi violent entre le Prince Rudolph et la Princesse Stéphanie. Le spectacle multiplie alors les émotions.
Toutefois, l’enchantement des danses nous fait oublier ces faiblesses dans la conception du scénario. L’explosion de la sensualité, les actions imprévisibles d’un extravagant, et la chorégraphie rendent Mayerling exceptionnel. Ces merveilleux danseurs en font quand-même un chef-d’œuvre de notre époque moderne.